Il faisait nuit sur la petite ville. Construite sur une colline, avec en son centre le palais du roi. Les soldats de garde faisaient leur ronde le long des remparts de bois. Les autres dormaient, entretenaient leur équipement, buvaient ou jouaient aux dés. Seul dans sa chambre, le jeune prince dormait. Les rayons de la pleine lune éclairaient la pièce par la fenêtre ouverte. Quiconque aurait regardé l'astre nocturne à ce moment là l'aurait vu.
Ahriman approchait, se laissant porter par ses grandes ailes noires. Ce soir, il allait frapper fort. Le roi était un homme bon et courageux, et il avait la fâcheuse capacité d'apporter l'espoir aux mortels. Comme tout démon, Ahriman ne supportait pas ça. Aussi allait-il faire la meilleure chose qui soit en son pouvoir pour briser cet espoir, cette force de volonté. il allait prendre la vie de celui qui comptait le plus aux yeux du vieil homme. Le malheur et le désespoir qui suivraient rendraient la région vulnérable aux attaques démoniaques, faisant de ces misérables humains des proies faciles pour les suppôts des ténèbres.
Le démon amorça sa descente et atterrit près d'un petit étang, à deux kilomètres au nord du village. il replia ses ailes et prit une apparence humaine, afin de passer plus facilement inaperçu. il s'approcha discrètement de la palissade, et sauta par dessus après s'être assuré qu'il n'y avait personne de l'autre côté. Il se dirigea ensuite vers le palais, en évitant soigneusement de croiser les gardes. Dans une ville de cette taille, tout le monde se connaissait et savait à tout moment ce qui se passait au sein de la communauté. Il se voyait mal expliquer qu'il était entré en douce, et pour quelle raison. Bien sûr, dans une telle situation, il ferait un véritable massacre, mais ce n'était pas son but. Il contourna le palais et arriva sous la fenêtre du prince, et se hissa dans la pièce. Il s'approcha silencieusement du lit, et d'un geste discret, fit apparaitre sa faux. Il observa quelques instants sa proie, se délectant de cette vision de la proie inconsciente de l'imminence de sa fin. Puis, quand il fut satisfait, il abattit sa lame sur le coeur du jeune humain. Aussitôt, le malheureux, réveillé brutalement par la douleur, tenta de crier, mais aucun son ne s'échappait de sa gorge. un flot rouge se répandit sur les draps, s'écoula au sol, s'étendit comme une fleur qui s'épanouit.
Lorsque le prince eut poussé son dernier soupir, Ahriman utilisa sa magie pour graver sa marque au mur, puis disparut dans un halo de ténèbres.
